Le nom de Cyr
Monmerqué est probablement connu des généalogistes québecquois, parce qu'il
exerça au Québec les fonctions de notaire de 1731 à 1765.
E. Z.
Massicotte traite ce personnage dans son article: « Cyr de Monmerqué.
sieur Dubreuil, ancêtre des Montmarquette » Bulletin des Recherches historiques 21(12) :363-366, Dec 1915.
Il le dit, sans
citer de source, « fils du notaire Jean-Baptiste M et Marie Anne St Adam
de Saint Eustache (de Paris ?) ».
Son parcours au
Québec est connu: il y arrive en 1727 puisqu'on voit son cousin
Gabriel Monmerqué arranger le paiement d'une pension de 25 livres par mois
en avril 1727 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 03Q_E1,S1,P3062);
il apparaît comme greffier commis de la justice
de Montréal en juin 1728 (Archives nationales d'outre-mer, COL C11A 50/fol.216),
puis procureur postulant
à Montréal, et obtient de l'intendant une commission de
notaire le 17 février 1731. Il épouse le 12 janvier
1729 au Cap de la Madeleine
Anne Picard, veuve de Melchior Michelet, mariage qui sera
réhabilité le 22 mars
1729 aux Trois Rivières, d’où :
La descendance
continue de nos jours, encore que le nom se soit changé en Montmarquet, voire
Montmarquette.
Mais peut-on en
savoir plus sur son ascendance?
Cette famille,
dont Cyr s'avère être un rejeton, est passablement connue parce que certains de
ses membres atteignirent de hautes positions dans la finance de l'Ancien
régime.
Par
"finance" il faut entendre non pas la banque, mais ce métier
particulier qui consistait à financer les recettes et les dépenses du
gouvernement royal. Les activités
possibles étaient nombreuses. On
pouvait être fermier, c'est-à-dire qu'on affermait la perception de tel impôt
exactement comme on afferme un champ: le fermier propose au Roi un paiement
fixe par an pendant la durée du bail (en général de quelques années) et se
charge de percevoir l'impôt à ses risques et périls. Les plus gros baux étaient regroupés dans ce qui s'appelait les
"fermes générales", menées par vingt, trente ou quarante
"fermiers généraux". On
pouvait aussi être "traitant", et proposer au Roi un nouvel impôt, monopole,
ou privilège à vendre. Là encore, on proposait une somme fixée d'avance et le
traitant se chargeait de percevoir l'impôt ou vendre le privilège à ses risques
et périls. Enfin on pouvait simplement
faire des avances au Roi, qui souvent ne remboursait pas comptant mais sous
formes d'assignation sur tel ou tel revenu.
Le métier était risqué car les revenus étaient difficiles à connaître et
à percevoir, surtout en temps de guerre.
De plus, le Roi ne tenait pas toujours parole, cassait les baux, ou même
taxait ou emprisonnait les financiers après le fait sous prétexte d'abus, de
profit excessif ou d'usure. Le métier
demandait aussi des talents: il fallait connaître les lois et règlements, faire
payer les contribuables, manier les lettres de change et trouver des
financements, et gérer des entreprises comportant des centaines, voire des
milliers d'employés.
Les notes manuscrites du duc de Caraman sur l'histoire des fermiers généraux (Bibliothèque nationale, Paris, NAF 20533) fournit un point de départ, à manier toutefois avec précaution. Des informations bien plus fiables se trouvent chez Thierry Clayes: Dictionnaire biographique des financiers en France au XVIIIe siècle (Paris, 2008).
Selon lui, la
famille commence avec un notaire de Dammartin (vicomté de Paris), dont le fils
Robert fit une brillante carrière grâce à la protection de Colbert de Croissy,
frère cadet du grand ministre.
Robert (1623-1701)
s'enrichit suffisamment pour acquérir en 1695 la charge de "conseiller
secrétaire du Roi, maison, couronne de France et de ses finances", une
sinécure très recherchée car elle conférait immédiatement la noblesse
héréditaire. La
provision d'office du 2
août 1695 est aux Archives nationales, Paris (AN), V/2/37. [Note:
les secrétaires du Roi font l'objet d'un ouvrage de Christine
Favre-Lejeune (1986), mais ici encore les renseignements sont à
manier avec précaution.]
Grâce à divers
actes authentiques on peut reconstituer que Robert avait un frère Jean, dénommé
officier de la Reine en 1679 et marié à Martine de Chazeaux. Robert épousa Claude Hugot et en eut trois
fils, avant de se remarier une fois veuf avec Marie Le Roy.
L'aîné est
probablement Cyr, qui épousa par contrat du 25 août 1679 (AN MC LIV/371) Nicole
de Saint-Martin, fille de Thomas, maître maçon et bourgeois de Paris, et
Catherine de La Barre, demeurant rue Frépillon (par. St Nicolas des
Champs). Du côté de la mariée on note
la présence au mariage de Pierre de La Barre, aïeul maternel, Pierre-Thomas et
Nicolas, frères, Marie Elizabeth et Agnès, sœurs, Madeleine autre sœur et son
mari Noël Hulin avocat en parlement, Pierre de la Barre marchand bourgeois de
Paris oncle maternel et Marie Vaugeon sa femme.
Cyr Monmerqué eut
une belle carrière dans les finances.
On le voit en 1680 commis dans la ferme des gabelles des Trois-Évêchés;
plus tard il devint fermier général et l'un des traitants les plus importants
de la fin du règne de Louis XIV (voir Daniel Dessert: Argen, Pouvoir et Société, Paris 1984). Il mourut le 5 novembre 1717 (Mercure de France, Janv
1718, p. 195). Il laissa de Nicole de Saint-Martin
de nombreux enfants. De nombreux
documents (AN V/7/36) établissent clairement les noms des enfants. Les éléments concernant les deux mariages
Torelli Narci sont sûrs car ils proviennent d'une réformation de noms (AN
Y5149A, 5 janvier 1787).
Un arrière-petit-fils de Robert Monmerqué est:
Le deuxième fils
de Robert est Gabriel Monmerqué, sieur des Chesnayes, secrétaire de la ville de
Metz puis directeur des fermes. On voit
qu'il épousa Françoise Pernet qui mourut le 14 mai 1742
à Metz (par. St-Martin) à l'âge de 92 ans.
Ils eurent Gabriel (né le 2 juil 1686, par. St. Gorgon) et
Anne-Françoise (née le 10 sept 1687).
Le troisième fils
de Robert et Claude Hugot fut Jean-Baptiste Monmerqué, sieur du Breuil. Il
épousa par contrat de mariage du 27 janvier 1688 (AN MC XLI/285) Marie Anne
Adam, fille de feu Jean Adam, ébéniste à Paris, et de Marie de Valler. On trouve dans les Nouvelles archives de
l’art Français (1872, p. 87) que Jean Adam, menuisier en ébène, était un
des artistes de la maison du Roi en 1657.
Au mariage intervenait aussi Claude Isoré, marchand tapissier et oncle
de la promise.
Au moment de son
mariage Jean-Baptiste demeure rue Tirechappe; quelques années plus tard lui et
sa femme habitent dans l'hôtel des Fermes; il était alors commis dans les
Fermes générales, sans aucun doute grâce à la protection de son frère.
Le mariage peu
reluisant ne plut peut-être pas à Robert: au notaire, Jean-Baptiste assura
qu'il avait l'agrément de son père et promit d'en justifier avant la
célébration du mariage…. Jean-Baptiste Monmerqué mourut début avril 1709 rue du
Faubourg Saint-Martin, après une longue maladie, et assez démuni. L'inventaire (AN MC XXXVIII/78, 4 avril
1709) ne comprend aucun habit "aucune ayant esté entièrement usez
pendant sa longue maladie n’estant resté qu’une seule robe de
chambre". Ses possessions se
réduisaient à 120 volumes de livres d'histoire. Son frère Cyr paya les frais des funérailles et les loyers échus.
Jean-Baptiste ne
laissait qu'un fils mineur, Cyr Monmerqué du Breuil, âgé de 19 ans et demi
(donc il dut naître en 1689). Sa mère
fut nommée tutrice par sentence du Châtelet de Paris du 3 avril 1709. Elle se remaria rapidement, ce qui
paraissait sage pour une veuve dans sa situation, avec un collègue de son
défunt mari, Claude Bruyant, commis aux fermes générales, le 5 avril 1710. Marie Anne Adam mourut le 10 janvier 1743 à
l'hôtel des Fermes, rue de Grenelle, où elle vivait avec son mari (inventaire
après décès AN MC LXI/415, 22 janvier 1743).
Assista à l'inventaire un avocat stipulant "pour l'absence de de
Cyr Monmerqué Sr Dubreuil demeurant à Contre Cœur en Canada fils unique de lad.
feue damle Bruyant et dudit feu Sr Monmerqué son premier mary." Il n'y a donc aucun doute sur la filiation.
Armes: d'azur
au mont d’argent mouvant de la pointe, surmonté d’un soleil d’or et accosté de deux
étoiles d’argent.